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L’écosystème africain des paiements instantanés a franchi un cap en 2024, avec près de 2 000 milliards de dollars traités au travers de 64 milliards d’opérations, selon le rapport SIIPS 2025 d’AfricaNenda, de la Banque mondiale et de la CEA. Porté par 36 systèmes actifs dans 31 pays, le mouvement accélère la numérisation des flux et élargit l’accès aux services financiers. L’enjeu est désormais d’ancrer l’interopérabilité, de renforcer la confiance et d’étendre l’acceptation côté commerçants.
Le rapport fait état d’une montée en puissance rapide des infrastructures de paiement en temps réel. Cinq nouveaux systèmes ont été lancés en un an et près de la moitié des plateformes interconnectent désormais banques, opérateurs de mobile money et fintechs, améliorant l’expérience de paiement pour particuliers, entreprises et commerçants.
Au Nigeria, le NIP est le premier à atteindre un niveau d’« inclusivité mature » selon l’échelle d’AfricaNenda. Dix autres systèmes approchent un stade « avancé » à mesure qu’ils étendent les cas d’usage vers le personne-vers-entreprise (P2B), les versements de l’État aux particuliers (G2P) et, de plus en plus, les transactions transfrontalières. Ces fonctionnalités soutiennent l’acceptation commerçante, la formalisation des activités et l’intégration économique régionale.
Des travaux de terrain en Angola, Côte d’Ivoire, Madagascar et Tunisie montrent que l’adoption par les consommateurs progresse plus vite que l’acceptation chez les commerçants, surtout sur les marchés naissants. Les plus de 30 ans et les personnes à revenus réguliers figurent parmi les utilisateurs les plus actifs, tandis que les femmes, les jeunes et les personnes sans pièce d’identité ou sans accès à des agents rencontrent davantage d’obstacles. Les craintes de fraude sont le frein principal, 50% à 70% des usagers préférant le cash citant le risque comme motif.
L’initiative FASTT de la Banque mondiale continue d’investir dans le développement des paiements rapides, avec un accent sur l’accessibilité, l’innovation et la conception inclusive. Le SIIPS met en avant l’articulation stratégique entre paiements instantanés, identités numériques, infrastructures publiques numériques et cadres de protection des données.
Réunis en Eswatini, banques centrales, prestataires, régulateurs et partenaires au développement ont défini des trajectoires de passage à l’échelle, centrées sur une croissance sécurisée et interopérable. Le rapport fournit des données enrichies, des profils pays et des recommandations de politique publique ciblées.
La dynamique ouvre des marchés adressables substantiels pour investisseurs, opérateurs et fintechs. L’interopérabilité accroît la demande d’outils d’acceptation commerçante (terminaux POS, rails QR) et de services à valeur ajoutée. Les corridors de règlement transfrontaliers émergents soutiennent les objectifs de la ZLECAf et créent des opportunités en change, gestion de trésorerie, regtech et transferts. Les traces numériques de transaction favorisent l’usage de données alternatives et l’amélioration du scoring, facilitant le crédit embarqué aux PME et aux particuliers. Les besoins d’infrastructure restent élevés (centres de données, cybersécurité, systèmes anti‑fraude, réseaux d’agents), offrant un rôle structurant au capital privé.
Les risques d’exécution demeurent significatifs. La fraude, la faiblesse des dispositifs de recours, les lacunes d’identification et l’hétérogénéité réglementaire pèsent sur la confiance et la scalabilité. L’harmonisation des règles KYC et LBC/FT, des lois de protection des données et des standards de règlement influencera l’économie des modèles ainsi que l’exposition au risque. Une conception inclusive et des partenariats public‑privé soutenus seront déterminants pour capter la prochaine phase de croissance.
Les paiements instantanés ont acquis une importance systémique en Afrique. Pour maintenir l’élan, il faudra combler le déficit d’acceptation commerçante, réduire la fraude, consolider l’identité numérique et aligner les cadres réglementaires. Avec des infrastructures coordonnées et une supervision claire, le seuil des 2 000 milliards de dollars peut se traduire en gains durables d’inclusion, de productivité et de commerce intra‑africain.


