Rank (ex‑Moni) rachète AjoMoney et Zazzau MFB pour accélérer la finance communautaire
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La fintech nigériane Moni se rebaptise Rank et acquiert AjoMoney ainsi que Zazzau Microfinance Bank, afin d’élargir une offre régulée de dépôts et d’épargne et de formaliser des réseaux de confiance communautaires au bénéfice des populations sous‑bancarisées.
Rank évolue d’un modèle centré sur le crédit vers une application financière multi‑produits permettant de dépenser, épargner, investir et gérer ses fonds au même endroit, avec l’ambition de convertir le capital social en capital financier à l’échelle. L’intégration d’AjoMoney apporte une infrastructure numérique pour l’épargne tournante et la finance de groupe, tandis que Zazzau Microfinance Bank—rebaptisée Rank Microfinance Bank—fournit une base bancaire agréée pour la collecte de dépôts, la connexion à NIBSS et l’extension de la gamme de services.
Le déploiement débute au Nigeria, avec vocation à étendre un écosystème « communautaire » à d’autres marchés africains. Le premier produit est une solution d’épargne de groupe à rendement élevé, conçue pour des réseaux de confiance (associations de commerçants, syndicats de marché, coopératives de quartier).
Lors d’un pilote mené auprès de 10 000 utilisateurs, les participations démarraient à 150 000 NGN (environ 100 USD), les fonds mutualisés étant investis en bons du Trésor et marchés monétaires pour un rendement pouvant atteindre 23 %. Le pilote a généré 16 milliards NGN (environ 11,25 millions USD) de paiements totaux, attestant de la demande pour des mécanismes d’épargne de groupe mieux structurés et mieux rémunérés. Rank prévoit d’accompagner ces offres par un accès à des conseillers patrimoniaux.
La direction présente la nouvelle identité et les acquisitions comme une consolidation des traditions d’épargne communautaire africaines (tontines/ROSCAs) adossée à des fondations réglementaires pour élargir les services.
Les dirigeants d’AjoMoney y voient une voie de passage à l’échelle d’un modèle de tontine numérisé, et l’organe d’administration de Zazzau MFB souligne la cohérence avec une stratégie d’accès financier « community‑first ».
L’acquisition d’une banque de microfinance donne à Rank des habilitations clés (collecte de dépôts, interopérabilité des paiements, élargissement produit), réduisant la dépendance à des tiers et renforçant la maîtrise de la conformité et du risque. Cette trajectoire s’inscrit dans une phase de consolidation de la fintech africaine, où la combinaison « licence + échelle » soutient l’économie unitaire et la résilience face aux changements de politique.
Ancrer l’épargne de groupe sur des supports monétaires formels indexe les rendements au niveau des taux, attractifs en environnement de taux élevés mais exposés au risque de réinvestissement et de cycle si les rendements reculent. La pérennité du modèle repose sur une gestion actif‑passif prudente, des coussins de liquidité pour les retraits et une transparence tarifaire et de risques afin de préserver la confiance des pools communautaires.
La distribution via des réseaux de confiance existants peut abaisser les coûts d’acquisition et les défauts tout en améliorant la rétention, mais la montée en charge au‑delà des communautés initiales requiert un onboarding robuste, des contrôles antifraude et une conformité localisée.
Exécutée correctement, Rank peut se positionner face aux néobanques et IMF avec des produits réglementés d’épargne de groupe porteurs de rendement, assortis de conseil, et préparer des cas d’usage transfrontaliers nécessitant licences et partenariats additionnels.
En associant technologie d’épargne communautaire et infrastructure réglementée, Rank met en place une offre à rendement plus élevé ciblant particuliers et PME sous‑bancarisés. La réussite dépendra de l’exécution en matière de gestion des risques, d’alignement réglementaire et d’efficacité de distribution pour un déploiement soutenable à travers cycles et marchés.
