En Afrique repose l’un des gisements hydrocarbures les plus importants jamais découverts : il pourrait remodeler l’énergie régionale. Pourtant, malgré un potentiel considérable et des ambitions de production dès 2029, le pétrole n’a pas circulé. L’obstacle n’est pas purement technique, mais résulte du croisement entre risque d’investissement, lenteurs réglementaires, manque de capitaux et faiblesses infrastructurelles qui minent souvent le développement en amont africain.
Le nœud du problème est le financement : les décisions finales d’investissement (FID) nécessitent des engagements de plusieurs milliards par des compagnies internationales pour le forage, les pipelines et les installations. Pour ce projet, l’atteinte de l’objectif 2029 dépend d’une FID imminente, mais l’incertitude sur les partages de revenus, la rentabilité et les conditions fiscales freine encore les engagements. Aux obstacles financiers s’ajoutent des goulets d’étranglement infrastructurels — routes, approvisionnement énergétique, installations d’exportation — eux-mêmes sujets aux risques logistiques et politiques.
Pourtant, le secteur en amont africain connaît une poussée. Plusieurs pays lancent des appels d’offres, ouvrent des bassins terrestres et renforcent leurs cadres réglementaires. Au Nigéria, des contrats pétroliers offshore sont récemment signés pour revitaliser le secteur. Le Namibie est en train de se transformer en nouvelle frontière pétrolière. Petrobras oriente stratégiquement ses explorations vers l’Afrique. Le message est clair : le capital se déplace vers des ruptures énergétiques planétaires, et l’Afrique prend part à ce front.
Pour les investisseurs, l’inertie du champ représente une fenêtre stratégique. En entrant tôt, on peut influencer la conception du projet, obtenir des conditions préférentielles et capter de la valeur dans les infrastructures de service — prospection sismique, pipelines, optimisation des réservoirs, fabrication locale, renforcement des capacités. Lorsque les pompes démarreront, ceux qui auront anticipé bénéficieront de rendements supérieurs, notamment via des accords solides avec des États déterminés à valoriser leurs ressources. Le compte à rebours vers la première production n’est pas un handicap, mais une opportunité : investir judicieusement aujourd’hui pour saisir la géographie énergétique de demain.