Quidah est une plateforme en ligne qui met en relation les investisseurs avec des opportunités sélectionnées et des analyses d’experts sur les marchés émergents d’Afrique, tout en offrant aux entreprises des services de promotion, de facilitation de partenariats et d’intelligence de marché pour attirer des capitaux et développer leurs activités.
Mozambique, avec ses 2 470 km de littoral sur l’océan Indien et une biodiversité marine riche, considère depuis longtemps la pêche comme un pilier de son économie. Ce secteur assure la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance des communautés côtières et des revenus d’exportation, notamment via les crevettes, le thon et les poissons pélagiques. Pourtant, une menace discrète et destructrice sévit sous les vagues : la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). La FAO avertit que le Mozambique perd près de 70 millions de dollars par an à cause de ces activités illicites — des pertes qui fragilisent les écosystèmes côtiers, érodent les recettes publiques et découragent les investisseurs légitimes.
La pêche INN englobe divers actes : flottes étrangères opérant sans autorisation, captures sous-déclarées, usage de matériel prohibé ou transbordement illégal. Ces pratiques épuisent les stocks et faussent les conditions du marché pour les opérateurs respectueux de la loi. Au Mozambique, les capacités de surveillance sont faibles : peu de navires de patrouille, satellites limités, surveillance par drone rare, et chevauchement des responsabilités entre agences compliquent la détection. La corruption crée des failles exploitées par les acteurs illicites.
Les effets sont multiples. Les pêcheurs locaux subissent la baisse des prises, menaçant leur sécurité alimentaire et leurs revenus. Les entreprises d’exportation font face à l’incertitude et au risque de réputation, notamment dans les marchés exigeant des pratiques durables. Les recettes de l’État s’évaporent, dues aux permis non payés ou aux sanctions éludées. De plus, les normes de traçabilité et de certification deviennent de plus en plus strictes sur les marchés internationaux : les pays incapables de lutter contre la pêche INN risquent d’être écartés des marchés premium.
Mais le Mozambique dispose de leviers pour riposter, à condition d’une action stratégique. Il faut d’abord renforcer la surveillance maritime par satellite, AIS et drones. Ensuite, renforcer la coopération régionale pour des patrouilles conjointes. Ensuite, réformer les textes législatifs pour durcir les sanctions, clarifier les rôles des agences et simplifier la délivrance des licences, en éliminant les failles. En parallèle, les systèmes de traçabilité — blockchain, étiquettes RFID, journaux de capture numériques — peuvent rendre les prises transparentes et vérifiables. Enfin, encourager la formalisation des petits pêcheurs (enregistrement des embarcations, formation, accès aux marchés) pour les intégrer dans le cadre légal et diminuer les incitations à l’illégalité.
Pour les investisseurs, le défi de la pêche INN devient une opportunité. Avec une volonté politique forte et des réformes institutionnelles, le Mozambique peut devenir un modèle de gouvernance halieutique durable. Les investissements dans les systèmes de surveillance, la traçabilité, la transformation en froid, l’aquaculture durable, et les flottes communautaires peuvent offrir non seulement un bon rendement, mais aussi un impact positif. À mesure que la demande mondiale pour des produits de la mer éthiques monte, les pêcheries bien régulées du Mozambique peuvent attirer des marchés premium, des investissements directs étrangers et une croissance durable du secteur.