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Les entreprises stockent des intrants et déplacent du personnel alors qu’Ouattara vise un quatrième mandat.
Le secteur minier en pleine expansion de la Côte d’Ivoire se prépare à d’éventuelles perturbations avant l’élection présidentielle de samedi, le président Alassane Ouattara briguant un quatrième mandat et des figures majeures de l’opposition écartées du scrutin. Devenu un pilier de la diversification de la première puissance mondiale du cacao, le secteur a vu la production d’or passer d’environ 10 tonnes en 2012 à plus de 58 tonnes en 2024, avec un objectif de 100 tonnes d’ici 2030. Les tensions actuelles et l’historique de violences électorales poussent les entreprises à activer des plans de contingence.
Des manifestations préélectorales ont éclaté en plusieurs endroits ce mois-ci. La police a indiqué qu’une personne avait été tuée le 14 octobre, touchée par un projectile lors de protestations de l’opposition au cours desquelles des centaines de personnes ont été arrêtées. Le contexte rappelle les épisodes violents passés, dont la crise de 2010–2011 ayant fait plus de 3 000 morts et les heurts liés au scrutin de 2020 qui ont causé au moins 85 décès.
Les sociétés minières constituent des stocks de carburant, de cyanure, de soude caustique et d’explosifs, et rapprochent leur personnel des sites pour sécuriser les opérations, selon plusieurs sources sectorielles. Des approvisionnements sont prépositionnés dans des hubs du nord comme Korhogo et Odienné, et des réserves hors site sont en négociation. « Les mesures de contingence montent en puissance à mesure que la visibilité se dégrade », a déclaré une source industrielle de haut niveau.
La Côte d’Ivoire s’est imposée comme un refuge relatif pour l’investissement minier face à l’insécurité et aux durcissements réglementaires au Sahel. Le pays a attiré des acteurs majeurs comme Barrick, Perseus, Endeavour, Fortuna et Montage, tandis que de nouveaux entrants tels que Resolute et Tietto (contrôlée par la chinoise Zhaojin) ont obtenu cette année des permis pour l’or, le lithium, le cuivre et le cobalt. Cette dynamique sera mise à l’épreuve par le scrutin et ses suites.
Le champ politique s’est resserré après l’exclusion de l’ex-président Laurent Gbagbo et de l’ex-PDG de Credit Suisse Tidjane Thiam du vote de samedi. « Nous ne disons pas que le pays est dangereux, mais nous avons déjà vu cela—même cause, mêmes conséquences », a ajouté la même source. Le ministère des Mines et le Groupement Professionnel des Miniers de Côte d’Ivoire n’ont pas répondu aux sollicitations.
La réaction du marché reste mesurée. Tiffany Wognaih, du cabinet J.S. Held, évoque « une légère pause dans l’examen des transactions avant le vote, sans fuite de capitaux ni renchérissement du risque », estimant que « la Côte d’Ivoire demeure une ancre de stabilité en Afrique de l’Ouest francophone ». Mike Kruiniger, de Fitch BMI, juge les mesures d’urgence pertinentes, les troubles ayant déjà atteint des zones minières par le passé.
Analyse des affaires et des investissements
Pour les investisseurs, le risque immédiat concerne surtout la logistique et la mobilité des équipes plutôt que l’intégrité des actifs, compte tenu des stocks et du repositionnement du personnel. L’absence de forte revalorisation du risque traduit une confiance dans la résilience institutionnelle et les fondamentaux du secteur, d’autant que les métaux de diversification—lithium, cuivre, cobalt—gagnent en importance stratégique. Des opportunités peuvent émerger pour les prestataires locaux de logistique, de sécurité et de stockage, tandis que les opérateurs dotés de chaînes d’approvisionnement robustes pourraient renforcer leur position si les perturbations restent limitées. Un contentieux post-électoral prolongé pourrait toutefois retarder les calendriers de projets et d’exploration, freinant la trajectoire vers l’objectif 2030.
Le scrutin de samedi testera la capacité de la Côte d’Ivoire à maintenir la croissance minière malgré l’incertitude politique. Les entreprises visent la continuité des opérations, tandis que les investisseurs guettent des signes d’apaisement ou d’escalade. Comme le résume Tiffany Wognaih, « la Côte d’Ivoire demeure une ancre de stabilité en Afrique de l’Ouest francophone », un jugement qui sera confirmé ou démenti dans les jours à venir.


