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Le secteur agricole de la Sierra Leone, véritable pilier de l’économie et des moyens de subsistance du pays, connaît actuellement un essor remarquable en matière d’investissements, de technologies et de réformes, rompant ainsi avec des décennies d’insécurité alimentaire et de sous-performance. Une convergence de l’engagement gouvernemental, du soutien international et de l’innovation agri-fintech ouvre de nouvelles perspectives aux agriculteurs, investisseurs et entreprises.
L’agriculture en Sierra Leone emploie environ deux tiers de la population et représente plus de la moitié du PIB national. Pourtant, depuis des décennies, le secteur souffre d’une faible productivité, d’une dépendance aux méthodes agricoles traditionnelles et d’importantes pertes post-récolte. Ces difficultés ont obligé la Sierra Leone à importer environ 35 % de son riz — aliment de base national — pour un coût allant jusqu’à 200 millions de dollars par an, alors que le pays dispose de 5 millions d’hectares de terres arables.
Selon l’AGRA (Alliance pour une Révolution Verte en Afrique), transformer les systèmes alimentaires en Sierra Leone ne consiste pas seulement à augmenter la production, mais à provoquer un changement systémique : investir dans les jeunes et les femmes, développer les chaînes de valeur et assurer la durabilité face au changement climatique. En 2024, le gouvernement a répondu en faisant passer le budget de l’agriculture de 2 % à 7 %, avec un objectif de 10 %, et en lançant l’ambitieuse initiative « Feed Salone ». Ce programme privilégie la production locale de riz, soutient la croissance des agro-entreprises et mise sur la modernisation du secteur grâce à des réformes politiques et des partenariats public-privé.
Un signe marquant du changement est l’arrivée récente d’Evfarmer, une société agri-fintech basée au Royaume-Uni, sur le marché sierra-léonais. Annoncée en avril 2025, la plateforme en ligne d’Evfarmer permet aux investisseurs locaux et internationaux de financer directement les petits exploitants agricoles, en leur fournissant des capitaux de démarrage et un appui technique. Cette approche numérique apporte transparence, efficacité et traçabilité, comblant le déficit de financement qui entrave l’agriculture sierra-léonaise depuis longtemps. « Evfarmer est plus qu’une plateforme de financement : c’est un catalyseur de transformation économique », a déclaré le PDG d’Evfarmer lors du lancement à Freetown. « En mettant en relation des investisseurs avec des projets agricoles vérifiés, nous autonomisons les communautés rurales, augmentons la productivité et contribuons à la création de systèmes alimentaires résilients. » Ce modèle tombe à point nommé, car il s’inscrit dans la volonté de la Sierra Leone de dépasser l’agriculture de subsistance et de stimuler la transformation, la mécanisation et l’adoption de technologies respectueuses du climat.
Un autre coup de pouce majeur est venu en juin 2025, lorsque le gouvernement américain s’est associé à Pangea Global Ventures pour investir 3 millions de dollars dans l’agriculture sierra-léonaise. L’initiative « Catalyzing Investment for Small Businesses » (CISB) vise à renforcer les PME du secteur agricole et agroalimentaire. En apportant du capital et une assistance technique, le programme cherche à aider les PME à surmonter les coûts élevés des intrants, le manque d’accès au financement et l’insuffisance des infrastructures. L’ambassadeur Bryan Hunt, lors du lancement, a souligné : « Ce partenariat va au-delà du financement ; il s’agit de bâtir un avenir où les agriculteurs et agri-entrepreneurs sierra-léonais peuvent prospérer, innover et concurrencer à l’échelle mondiale. » Cet investissement devrait stimuler la création d’emplois, notamment pour les jeunes et les femmes, et renforcer la valeur ajoutée dans des filières telles que le riz, le manioc, la volaille et le cacao. En ciblant les PME, l’initiative soutient l’épine dorsale des économies rurales et propose un modèle évolutif de croissance agricole durable.
Malgré ces avancées, la transformation agricole de la Sierra Leone fait face à de véritables défis. Les agriculteurs peinent encore avec du matériel obsolète, un accès limité à des semences et engrais de qualité, et une vulnérabilité aux chocs climatiques tels que la sécheresse et les inondations. Les liens avec les marchés restent faibles, et les pertes post-récolte peuvent atteindre 40 % pour certaines cultures. Pourtant, une nouvelle dynamique semble s’installer. L’AGRA met en avant de nouvelles opportunités pour les investisseurs : grâce à l’augmentation du budget gouvernemental et aux réformes, la Sierra Leone offre désormais un terrain propice pour la mécanisation, la transformation, la fourniture d’intrants et le financement agricole. L’émergence de plateformes comme Evfarmer ouvre des modèles de financement innovants, tandis que le soutien ciblé des bailleurs de fonds, comme le programme CISB appuyé par les États-Unis, renforce la capacité des PME agricoles et prépare le terrain à un engagement plus large du secteur privé.
Pour ceux qui souhaitent s’implanter ou se développer dans l’agriculture sierra-léonaise, le message est clair : le paysage évolue. Nouveaux financements, innovation digitale et engagement gouvernemental en faveur de la réforme rendent le secteur plus attractif que jamais. En investissant dans l’agriculture sierra-léonaise — par la technologie, la finance et le partenariat — entreprises et investisseurs peuvent contribuer à rompre le cycle de la pauvreté, créer des emplois et s’assurer une place dans l’une des histoires de croissance les plus prometteuses d’Afrique de l’Ouest.