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Dans les terres arides de Kotido, au nord-est de l’Ouganda, une initiative novatrice redéfinit la résilience climatique et l’inclusion de genre. Soutenu par le Fonds africain pour le changement climatique (FACC) et géré par la Banque africaine de développement (BAD), ce projet positionne l’Ouganda comme un modèle continental de développement environnemental et social intégré.
Intitulé « Renforcer l’égalité des sexes dans l’accès aux ressources foncières pour une adaptation transformatrice au changement climatique dans la région de l’IGAD », le projet est mis en œuvre par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Il combine la restauration écologique à l’autonomisation des femmes pour relever les défis urgents de la dégradation des terres et des inégalités de genre.
Les femmes en première ligne de la gestion durable des terres
Depuis des générations, les femmes de Kotido jouent un rôle central dans le travail agricole mais restent privées d’accès à la terre et d’une voix dans la gouvernance agricole. Ce projet inverse cette dynamique. Plus de 130 femmes, ainsi que des représentants de la société civile locale et des autorités de district, ont reçu une formation en gestion durable des terres et en plantation d’arbres.
Cette autonomisation n’est pas symbolique : elle offre aux femmes des outils concrets pour restaurer les terres et contribuer directement aux efforts d’adaptation climatique. Le projet forge ainsi de nouveaux rôles de leadership pour les femmes dans l’agriculture intelligente face au climat. Selon le ministère ougandais de l’Agriculture, les femmes représentent plus de 70 % de la main-d’œuvre agricole mais possèdent moins de 20 % des terres. Cette initiative vise à corriger ce déséquilibre.
Investissement stratégique, résultats transformateurs
Avec un budget modeste de 470 000 dollars, ce projet pilote prouve que des financements ciblés peuvent produire des résultats significatifs. Grâce à des efforts de reboisement, de sensibilisation communautaire et à l’adoption de pratiques agricoles résilientes au climat, les sols dégradés de Kotido commencent à retrouver leur fertilité. Le couvert végétal accru améliore aussi la rétention d’eau — un besoin essentiel dans une région où les précipitations annuelles moyennes peuvent descendre en dessous de 700 mm et où les cycles de sécheresse s’intensifient.
Ces progrès écologiques ouvrent la voie à de nouvelles opportunités économiques. En promouvant l’exploitation durable du bois, l’agroforesterie et les chaînes de valeur des produits forestiers non ligneux comme les noix de karité et la gomme arabique, le projet diversifie les moyens de subsistance. Cela pourrait avoir un impact significatif sur les revenus des ménages, dans une région où plus de 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, en particulier pour les femmes et les jeunes.
Synergie politique pour le climat et l’égalité de genre
L’un des aspects les plus novateurs du projet réside dans son approche de gouvernance. Pour la première fois dans l’histoire récente du développement en Ouganda, les ministères responsables des terres, du genre et de l’environnement collaborent sur un programme politique unifié. Cette coordination interministérielle garantit que les stratégies d’adaptation climatique et d’inclusion de genre ne sont plus traitées séparément.
Au lieu de mettre en œuvre des interventions isolées, le projet intègre des réformes juridiques, l’éducation sur les droits fonciers coutumiers et la protection de l’environnement dans une approche harmonisée. Les autorités s’efforcent de garantir un accès équitable à la terre et la reconnaissance juridique et culturelle de la propriété foncière des femmes.
Cette cohésion politique renforce également l’impact à long terme du financement climatique, en veillant à ce que les fonds soutiennent un changement systémique plutôt que des actions ponctuelles. C’est une leçon qui pourrait transformer les cadres de développement à travers l’Afrique, où la gouvernance fragmentée compromet souvent les résultats durables.
Étendre le succès local : le modèle de Kotido pour l’adaptation climatique en Afrique de l’Est
Ce qui a commencé comme un projet pilote local à Kotido est en passe de devenir un modèle pour toute l’Afrique de l’Est. Située dans la sous-région du Karamoja — l’une des plus vulnérables aux chocs climatiques — cette initiative offre des enseignements précieux pour l’ensemble de la région IGAD, qui comprend Djibouti, l’Éthiopie, l’Érythrée, le Kenya, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan et l’Ouganda.
L’initiative s’aligne étroitement sur les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 5 (Égalité entre les sexes), l’ODD 13 (Lutte contre les changements climatiques) et l’ODD 15 (Vie terrestre). Son succès démontre que les investissements climatiques — lorsqu’ils sont conçus dans une optique d’équité et avec la participation des communautés — peuvent engendrer des changements durables.
Les donateurs et les investisseurs privés commencent à en prendre note. Selon la BAD, ce modèle est déjà en cours d’évaluation pour des opportunités de mise à l’échelle dans d’autres zones arides et semi-arides, où la dégradation des terres, la pauvreté et les inégalités de genre se recoupent.
Justice climatique ancrée dans la communauté
Alors que l’Ouganda restaure ses paysages dégradés et soutient ses citoyens les plus marginalisés, il offre bien plus que de la résilience — il trace une voie vers la prospérité et la justice. En plaçant les femmes au cœur de l’adaptation climatique et en alignant les objectifs écologiques sur l’autonomisation sociale, l’initiative de Kotido établit un puissant précédent pour le développement durable en Afrique.
À une époque où le changement climatique accentue les inégalités mondiales, l’Ouganda démontre que des solutions dirigées par les communautés, soutenues par les bonnes politiques et les bons financements, peuvent semer les graines d’une croissance inclusive et durable.