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GITEGA, juin 2021 – Le Burundi a entrepris une réforme en profondeur de son paysage d’investissement, adoptant une refonte complète de son Code des investissements et lançant une nouvelle entité centralisée, l’Agence de Développement du Burundi (ADB), destinée à faciliter et promouvoir l’investissement étranger et national.
Des Seuils d’Entrée Plus Stricts pour les Investisseurs
Le Code des investissements révisé introduit des seuils minimaux nettement plus élevés pour bénéficier des incitations. Dans la capitale, Bujumbura, les investisseurs doivent désormais engager au moins 500 000 dollars américains, tandis que les projets situés ailleurs dans le pays doivent atteindre un seuil de 250 000 dollars. Ce changement vise à privilégier les investissements de grande envergure ayant un impact économique plus large, bien que certains observateurs craignent que les petites entreprises et les entrepreneurs locaux ne soient désavantagés par ces exigences accrues.
Avantages et Protections pour les Investisseurs
Le nouveau régime d’investissement du Burundi offre un ensemble d’avantages aux investisseurs éligibles. Parmi eux figurent des exonérations des droits de mutation sur l’achat de terrains et de bâtiments, ainsi que des exonérations potentielles de TVA ou de droits de douane sur les matériaux de construction, équipements et intrants nécessaires. Des réductions progressives de l’impôt sur les sociétés sont accordées durant les cinq premières années d’un projet, allégeant la charge fiscale standard du pays, qui est de 30 %. Les investisseurs bénéficient également de garanties pour le rapatriement du capital et des profits, de la possibilité d’acquérir des terres et de protections légales contre l’expropriation sans compensation équitable.
Une Nouvelle Porte d’Entrée pour l’Investissement : l’Agence de Développement du Burundi (ADB)
Au cœur de ces réformes se trouve la nouvelle Agence de Développement du Burundi. L’ADB est chargée de la certification des projets, de l’accompagnement des investisseurs et de la gestion des dispositifs d’incitation. En centralisant plusieurs fonctions liées à l’investissement, l’agence vise à rationaliser les démarches administratives, proposant un « guichet unique » pour l’enregistrement des entreprises, les licences, la fiscalité et autres autorisations essentielles. Ce modèle, inspiré des bonnes pratiques d’Afrique de l’Est, est conçu pour rendre l’investissement au Burundi aussi simple et rapide que possible.
Exigences en Matière de Durabilité et d’Intégration Locale
Conformément aux tendances régionales et mondiales, le nouveau Code des investissements du Burundi met davantage l’accent sur la durabilité et l’intégration locale. Pour bénéficier des incitations, les projets doivent respecter la législation nationale en matière d’environnement et de travail, obtenir un certificat de conformité environnementale, et rendre compte chaque année de la création d’emplois, de la formation et de l’intégration du contenu local. Ces exigences témoignent de la volonté du gouvernement de faire en sorte que l’investissement contribue non seulement à la croissance économique, mais aussi au développement durable et à la responsabilité sociale.
Secteurs Prioritaires et Soutien Stratégique
Le gouvernement concentre ses efforts pour attirer les investissements dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’agroalimentaire, la pêche, l’énergie, les mines, l’industrie manufacturière, le tourisme, les TIC, la santé et l’éducation. Une attention particulière est accordée aux projets créant des emplois pour les jeunes, les femmes et les membres de la diaspora, avec la possibilité d’obtenir des avantages renforcés pour les initiatives à fort impact social.
Un Nouveau Climat pour les Affaires
Les réformes engagées par le Burundi s’inscrivent dans une volonté plus large d’améliorer son attractivité au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est et sur la scène internationale. La transformation de l’agence d’investissement et la simplification des procédures montrent déjà des signes d’avancées. Les investisseurs peuvent désormais obtenir les documents essentiels à la création d’entreprise en quelques jours, avec des frais d’enregistrement maintenus à un niveau minimal pour encourager la formalisation. Le cadre juridique du pays a aussi été renforcé par l’adhésion à des traités internationaux d’arbitrage, offrant ainsi aux investisseurs des mécanismes clairs de règlement des différends.
Des Défis Persistent
Malgré ces avancées législatives et administratives, le Burundi fait toujours face à d’importants défis. L’accès à la terre, par exemple, peut être compliqué par des procédures administratives et des exigences de réciprocité. Le coût de l’électricité demeure supérieur à celui de nombreux pays voisins, et les limites en matière d’infrastructures – transports, logistique – restent un obstacle majeur pour les investisseurs. Si la volonté de réforme du gouvernement est manifeste, l’efficacité de ces changements dépendra d’améliorations continues en matière d’infrastructures, de transparence réglementaire et d’efficacité administrative.
Perspectives d’Avenir
Le Code des investissements de 2021 marque une nouvelle ère pour le climat des affaires au Burundi. En modernisant son cadre juridique, en centralisant les services destinés aux investisseurs et en ciblant des secteurs à fort impact, le gouvernement a posé les bases d’une croissance durable. Le véritable défi sera de transformer ces politiques en améliorations tangibles pour les investisseurs et l’économie nationale. Une attention soutenue à l’infrastructure, à l’accès aux ressources et à la qualité des services publics sera essentielle pour concrétiser la vision d’un développement inclusif et durable au Burundi.