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TUNIS — Pendant des décennies, la Tunisie a séduit les voyageurs avec la promesse de plages ensoleillées et de vacances méditerranéennes abordables. Mais aujourd’hui, cette nation d’Afrique du Nord s’engage dans une audacieuse opération de rebranding. Alors que le tourisme mondial se tourne vers des expériences immersives, responsables et porteuses de sens, la Tunisie redéfinit son attractivité — non pas en renonçant à ses atouts balnéaires, mais en enrichissant son récit culturel et écologique.
Au cœur de cette transformation se trouve un engagement fort en faveur de la préservation du patrimoine, de la protection de l’environnement et de l’implication des communautés locales. Le pays abandonne son image de destination de tourisme de masse pour offrir une expérience plus riche et plus authentique — une expérience qui connecte les voyageurs à son passé ancien, à ses paysages variés, et aux populations qui font vivre la Tunisie.
Ce n’est pas une simple opération de communication. C’est une stratégie nationale, fondée sur la conviction que le tourisme, s’il est bien pensé, peut préserver l’identité, protéger l’environnement et renforcer la résilience économique. L’ambition : un modèle touristique qui ne se contente pas de servir les visiteurs, mais qui valorise les hôtes.
Préserver le passé, construire l’avenir
Au cœur de cette nouvelle identité touristique figurent les initiatives de valorisation du patrimoine historique. Partout dans le pays, des projets soutenus par l’UNESCO restaurent des sites comme Carthage ou Kairouan — non pas comme de simples vestiges, mais comme des espaces vivants, propices à l’apprentissage et à la rencontre. Dans l’amphithéâtre antique d’El Jem ou les ruines romaines de Dougga, les visiteurs découvrent une histoire qui résonne encore aujourd’hui.
En parallèle, le tourisme durable gagne discrètement du terrain. Des écolodges et des complexes à faible impact environnemental voient le jour sur les côtes et à l’intérieur des terres, intégrés à l’environnement et aux traditions locales. Des campements sahariens aux retraites côtières construites en matériaux traditionnels, ces hébergements allient confort et conscience.
Le tourisme rural connaît également un essor. Dans les régions moins connues de Tunisie, les séjours à la ferme, les villages d’artisans et les expériences communautaires permettent aux visiteurs de découvrir un mode de vie traditionnel. C’est là, loin des complexes hôteliers, que l’âme culturelle tunisienne se dévoile — autour d’un repas partagé, d’une démonstration d’artisanat, ou d’une randonnée à l’aube dans le désert.
Comme l’a résumé un porte-parole du gouvernement : « Ce rebranding ne vise pas seulement à attirer plus de touristes. Il s’agit de redéfinir le type de tourisme que nous voulons pour la Tunisie — et le type d’avenir que nous voulons bâtir. »
Allier croissance et conservation
Le passage à un tourisme durable ne se fait cependant pas sans obstacles. Les richesses culturelles et écologiques de la Tunisie sont ses plus grands atouts, mais aussi ses éléments les plus fragiles. Sans planification rigoureuse, sans encadrement, l’augmentation de la fréquentation, le développement des infrastructures et les pressions commerciales pourraient menacer ces trésors qui constituent justement le socle de la nouvelle image du pays.
Les experts s’accordent à dire que l’équilibre entre croissance et préservation est crucial. Le maillage de sites patrimoniaux et de réserves naturelles — des zones humides d’Ichkeul aux dunes du Sahara — est particulièrement sensible. Faciliter l’accès à ces lieux implique des mesures de protection environnementale et des réglementations strictes.
Un autre défi majeur est celui du partage équitable des retombées du tourisme. Dans de nombreuses régions, notamment rurales ou enclavées, les communautés manquent de formations et de ressources pour s’intégrer pleinement à cette économie touristique. Des programmes de formation en écotourisme, en marketing numérique et en médiation culturelle sont essentiels pour permettre aux populations locales — et notamment aux femmes et aux jeunes — de tirer parti des opportunités émergentes.
Changer la perception internationale est aussi un enjeu de taille. Pour de nombreux voyageurs, la Tunisie évoque encore des images de séjours balnéaires à bas prix, de formules tout compris et de tourisme saisonnier. Mais le pays vise plus haut : il veut être reconnu pour son histoire millénaire, ses traditions vivantes et sa diversité naturelle. Se positionner comme une destination culturelle, naturelle et consciente, ouverte toute l’année, fait partie intégrante de cette stratégie.
Une nouvelle place sur la carte mondiale du voyage
Si cette stratégie porte ses fruits, la Tunisie pourrait devenir un leader régional du tourisme de nouvelle génération. Le virage vers l’authenticité et la durabilité commence déjà à susciter l’intérêt des voyagistes et des médias spécialisés. En associant patrimoine culturel, conscience écologique et expériences communautaires, la Tunisie propose un voyage plus profond, plus humain — répondant à l’envie croissante des voyageurs de se connecter aux lieux qu’ils visitent.
Qu’il s’agisse d’explorer des ruines romaines, d’assister à des festivals berbères ou de séjourner dans un éco-village en montagne, les visiteurs découvrent une Tunisie vivante, en mouvement, ancrée dans ses racines.
Pour le pays lui-même, cette transformation dépasse la seule industrie touristique. Elle touche à l’identité nationale, à la diversification économique et à la responsabilité environnementale. Si elle est soutenue par des politiques durables, des investissements adaptés et des formations ciblées, la relance touristique de la Tunisie pourrait devenir un modèle pour d’autres pays du Sud global souhaitant repenser leur place dans l’économie mondiale du voyage.
Une invitation à voyager autrement
Le renouveau du tourisme tunisien ne tient pas seulement à ce qui change, mais aussi à ce qui est préservé et réinterprété. Pour les voyageurs, cela signifie plus qu’une simple nouvelle liste de lieux à visiter. C’est une invitation à explorer autrement.
Les visiteurs peuvent désormais parcourir les avenues antiques de Carthage ou les couloirs résonnants de l’amphithéâtre d’El Jem avec un regard renouvelé. Ils peuvent se perdre dans les ruelles d’une médina, observer des artisans perpétuer des savoir-faire anciens, randonner à travers des oliveraies, dormir à la belle étoile dans le désert, ou apprendre à cuisiner le couscous avec des femmes du village.
Telle est la nouvelle promesse de la Tunisie : une expérience de voyage fondée sur le sens, la durabilité et le respect mutuel. Pour ceux qui cherchent plus que du soleil et du sable, c’est un voyage plus profond — et qui reste gravé plus longtemps dans la mémoire.